Carnets de l'Economie

Tesla France sommée par la DGCCRF de cesser ses promesses mensongères




Anton Kunin
24/06/2025

Le 24 juin 2025, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a annoncé la mise en demeure de Tesla France pour pratiques commerciales trompeuses. L’entreprise d’Elon Musk dispose désormais de quatre mois pour rectifier le tir. À défaut, elle s’expose à une astreinte de 50.000 euros par jour.


​L’autonomie fantôme : quand le marketing dépasse la technologie

À l’origine de l’affaire, une promesse trop belle pour être vraie. Tesla proposait à ses clients l’option « capacité de conduite entièrement autonome », facturée 7.500 euros. Problème : cette fameuse « autonomie » n’est qu’une illusion. Selon la DGCCRF, cette dénomination prête à confusion et constitue une infraction à la législation sur les pratiques commerciales. « Les véhicules vendus n’offrent pas cette capacité, ce qui peut induire le consommateur en erreur sur les performances réelles du produit », précise l’administration dans son communiqué. L’intitulé est jugé « manifestement trompeur ».

Ce n’est pas la première fois que Tesla est épinglée pour l’ambiguïté de son vocabulaire. Le terme « Autopilot » avait déjà été contesté dans d’autres juridictions. Mais cette fois, les autorités françaises passent à l’action.

Des contrats rédigés à la hâte, des consommateurs lésés

L’enquête menée entre 2023 et 2024, déclenchée par une série de signalements sur la plateforme publique SignalConso, révèle des irrégularités bien plus graves qu’un simple abus de langage. La DGCCRF pointe notamment l’absence de date, de délai ou de lieu de livraison dans les contrats de vente, ainsi que des conditions de paiement contraires au droit français.

Certains clients auraient été amenés à verser des acomptes avant l’expiration du délai de rétractation, parfois même sans récépissé. D’autres dénoncent des remboursements tardifs ou inexistants après annulation de leur commande. « L’ensemble de ces pratiques portent préjudice au consommateur et contreviennent à la réglementation », résume la direction des fraudes.

Des options introuvables, des offres de reprise trompeuses

La DGCCRF s’attaque également au contenu même de l’offre commerciale de Tesla. Plusieurs options vantées dans les brochures seraient en réalité non disponibles. Les conditions de reprise, elles, s’apparenteraient à un miroir aux alouettes : des promesses généreuses... rarement tenues.

L’administration considère que ces éléments relèvent de la publicité mensongère. Et ce constat n’est pas isolé : les infractions seraient systémiques, récurrentes et largement documentées par les plaignants.

​Le couperet tombe à un moment critique pour Tesla

L’ultimatum de la DGCCRF ne pouvait pas tomber plus mal pour le constructeur américain. En mai 2025, les immatriculations de véhicules Tesla en France ont chuté de 67% par rapport à l’année précédente. Seuls 721 modèles ont trouvé preneur, contre 2.176 douze mois plus tôt. Une dégringolade inquiétante.

Certains analystes y voient l’effet d’un désamour croissant pour la marque, sur fond de polémiques liées aux prises de position d’Elon Musk et à une concurrence de plus en plus agressive sur le segment des voitures électriques.

Une pression réglementaire qui pourrait faire école

Le cas Tesla pourrait faire figure de précédent. La DGCCRF a rappelé que si l’entreprise ne se conforme pas à ses exigences d’ici quatre mois, elle s’exposera à une astreinte de 50.000 euros par jour. Une menace financière lourde, qui traduit la volonté de l’administration de faire respecter strictement le droit des consommateurs.

Cette initiative française pourrait inspirer d'autres régulateurs européens. En attendant, Tesla a été prévenue : la tolérance zéro est désormais de mise.


Tags : DGCCRF, tesla








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